Tohu-Bohu – revue de poésie #1

Une revue qui jaillit « dans les clapotements furieux des marées ». Une revue née dans les Hauts-de-France, mais ouverte à tous les vents. Une revue de projets fous entre une maison de la poésie et un éditeur, invenit, attaché à propulser la parole poétique. La première, ancrée à Beuvry dans le Pas-de-Calais, serait plutôt du genre à accueillir le jeune Rimbaud, en fugue vers Douai, tout en choyant Verlaine quand il se réfugie à Arras, chez sa mère. Le second a deux ports d’attache : Lille et Suzanne dans les Ardennes à deux pas de Roche et du grenier d’Une saison en enfer. Une revue sous le signe du Bateau ivre. « […] Et les Péninsules démarrées / N’ont pas subi tohu-bohus plus triomphants. » Le joyeux carnaval d’une langue dans tous ses états commence avec François Rabelais, le premier à utiliser ce tohu et ce bohu qu’il emprunte à l’hébreu. Nous sommes dans la Genèse, dans le chaos qui précède la création. Ce chaos de la langue, ce Verbe d’avant le commencement, les poètes tentent depuis la nuit des temps de le voler. Tohu-bohu, fatras, fatrasies… Les fatrasies d’Arras, traduites par Georges Bataille, surgissent du xiiie siècle dans le numéro du 1er mars 1926 de La Révolution surréaliste. Avec la nouvelle forme des congés, de Jean Bodel, de Baude Fastoul ou d’Adam de la Halle, la poésie, pour la première fois à Arras, quitte l’espace religieux des cloîtres et des parvis. Les terres du Nord sont terres de trouvères. Et cela continue ! Peut-être même que la parole poétique n’a jamais été aussi bien portée qu’aujourd’hui avec de jeunes poétesses et de jeunes poètes pour qui le mot « poésie » n’est plus tabou. Le grand carnaval des mots n’est pas près de s’éteindre ! La revue Tohu-Bohu veut être l’expression de ces terres de « trouveurs », terres de partout, ouvertes à toutes les expressions, à toutes les libertés.